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Le marché de capacité, une évolution des usages de l’électricité ?

Pic historique de consommation
(RTE, France, 7 février 2012)

Le 19 décembre, Delphine Batho, ministre de l’énergie, a signé un décret instaurant les prémices d’un marché de rémunération des capacités de production et d’effacement électriques. L’objectif est de « garantir durablement la sécurité d’approvisionnement en électricité des Français, dans un contexte de hausse de la pointe de consommation ».

Les pics de consommation, le principal défi du système électrique actuel

Alors que la consommation globale d’électricité n’augmente que de 0,6% chaque année, cette consommation tend à se concentrer sur des périodes restreintes. Concrètement, un maximum d’électricité est consommé au même moment, créant un « pic » ou une « pointe » qui croît de 3% chaque année depuis 10 ans. Il existe deux sortes de pics de consommation : le pic saisonnier et le pic journalier.

  • Le pic saisonnier

Du fait de l’important développement du chauffage électrique en France pendant plusieurs décennies (tendance qui s’est récemment inversée), la consommation d’électricité augmente pendant la saison froide. Mécaniquement, depuis dix ans se produisent d’importantes surconsommations lorsque la température baisse.

  • Le pic journalier

La plus forte demande d’électricité intervient à l’heure du déjeuner et du dîner, lorsque s’additionnent les besoins professionnels et domestiques. Afin d’atténuer ces pics journaliers, le régime des heures creuses et pleines incite à utiliser des appareils gourmands en électricité en dehors de ces périodes de pointe.

La course à l’échalote entre hausse de la consommation de pointe et hausse de la production électrique

Pour répondre à cette demande sans cesse fluctuante, la production électrique française est formée par un mix de différentes énergies. On utilise en priorité les « énergies de base » dont le coût d’utilisation est le plus bas, par exemple le nucléaire. A l’inverse, les énergies fossiles, particulièrement chères et émettrices de gaz à effet de serre, ne sont employées qu’en dernier recours, précisément pendant ces pointes de consommation. Du coup, ces centrales de pointe ne sont utilisées que quelques centaines d’heures par an et ne sont pas rentables (amortissement de la construction et prix des énergies fossiles). Pour éviter que les exploitants renoncent à ces centrales, au risque de déclencher des coupures de courant, on recourt au marché de capacité.

Le marché de capacité pour éviter le black-out et rationaliser le système

Infographie marché de capacité (Ministère du développement durable)

Infographie marché de capacité (Ministère du développement durable)

Le marché de capacité permet deux choses. Tout d’abord, maintenir les moyens de production : on rémunère les propriétaires de centrales de pointe même quand elles ne produisent pas. En échange, elles sont opérationnelles en cas de pics pour éviter les black-out. Ensuite, à long terme, la rémunération de la capacité permet de donner une valeur pécuniaire à l’électricité que l’on ne consomme pas via l’effacement de la demande, ou « négawatt ». C’est le mécanisme qui est expérimenté dans le cadre du pacte électrique breton, où les consommateurs volontaires (entreprises et particuliers) réduisent leurs consommations au moment des pics en échange d’une compensation financière.

Si le modèle économique de la rémunération de la capacité se pérennise, notre manière de consommer de l’électricité en sera modifiée. Une telle démarche est doublement bénéfique : baisse des émissions de CO2 et gain économique pour ceux qui réduisent leur consommation. L’effacement pourrait même être automatisé (sur une base volontaire) via les compteurs communicants et les « energy box » pour rendre le système encore plus efficace.

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