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Jeux Olympiques de Sotchi, une usine à gaz

Les Jeux olympiques de Sotchi battent leur plein, faisant oublier pour un temps toutes les polémiques qui les ont précédés : coûts démentiels, dégradations de l’environnement, population locale laissée pour compte. Malgré cela, le comité olympique russe s’efforce de présenter les jeux comme un modèle de développement durable, insistant en particulier sur une gestion optimale de l’énergie.

« Des projets dignes de l’ère stalinienne »

Patrie de Gazprom oblige, Sotchi est approvisionné en électricité par une série d’usines à gaz. Au total, ce sont pas moins d’une cinquantaine de projets d’infrastructures énergétiques (centrales thermiques, gazoducs, lignes électriques…) qui ont dû être construits pour permettre l’approvisionnement en électricité des sites olympiques. La production d’électricité de la région de Sotchi a ainsi augmenté de 800% depuis 2007 ! Pour le vice-ministre russe Yuri Reylyan en charge du projet olympique, c’est un grand succès pour son pays qui n’avait pas connu de projets d’une telle ampleur depuis l’époque de Staline.

Un bilan carbone en trompe l’œil

Derrière les apparences d’une Russie en plein développement économique, le constat environnemental est, lui, moins reluisant. Les estimations officielles des émissions de gaz à effet de serre s’élèvent ainsi à plus de 500 000 tonnes de CO2, soit l’équivalent d’une usine à charbon qui alimenterait plus de 2 millions de personnes pendant deux semaines.

Pour contrebalancer, le comité olympique russe a chargé l’entreprise Dow Chemical (qui a notamment racheté Union Carbide responsable de la catastrophe de Bhopal…) de mettre en place un plan de compensation carbone. L’entreprise insiste ainsi sur son action pour développer les mesures d’efficacité énergétique en Russie (meilleure isolation des logements, panneaux photovoltaïques…). Mais certains n’y voient que des actions sans lendemain, mesures d’affichage qui ne lanceront pas dans le pays une réelle dynamique en faveur de l’efficacité énergétique.

Plus grave encore, plusieurs ONG et instituts de recherches indépendants estiment que le bilan carbone a été largement sous-évalué. Les constructions annexes au projet olympique, c’est-à-dire les hôtels, les routes, les chemins de fer, etc construits pour l’occasion n’ont pas été inclus dans le calcul global. De même, des dizaines de kilomètres carrés de forêt du parc national de Sotchi ont été rasés, libérant d’autant plus de CO2.

Par-delà le gâchis initial d’argent et les dégâts environnementaux, reste à savoir si les infrastructures énergétiques construites pour les JO seront utiles pour l’avenir de la région. Effectivement, cette zone souffrait jusqu’à récemment de fréquents blackouts (le dernier d’entre eux s’est produit moins de deux mois avant le début des jeux). Désormais, c’est la question inverse qui se pose : comment seront employés les 1 000 MW de capacité de production électrique installée alors que le pic normal de demande n’atteint même pas la moitié ? 

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